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DÉBAT | A. BONDAZ et A. GENETET ont débattu des perspectives pour l'influence de la France en 2023



Le Club France Initiative a débattu lundi 6 février avec Antoine BONDAZ, chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), et Anne GENETET, présidente du Club France Initiative, sur le thème "Quelles perspectives pour l'influence de la France en 2023 ?".

Docteur en science politique après une thèse soutenue sous la direction d'Antoine GODEMENT sur le thème de la politique coréenne de la Chine de 2009 à 2014, Antoine BONDAZ est chercheur à la FRS où ses recherches portent principalement sur la politique étrangère et de sécurité de la Chine et des deux Corées, ainsi que les affaires stratégiques en Asie de l'Est. Il dirige notamment le FRS-KF Programme Corée sur la sécurité et la diplomatie ainsi que le Programme Taïwan sur la sécurité et la diplomatie. Il est responsable de la plateforme conjointe avec le German Institute for International & Security Affairs (SWP) sur l’Indopacifique. Il plaide d'ailleurs régulièrement pour que la France prenne l'initiative d'une plateforme de coopération internationale en Indopacifique, laquelle pourrait favoriser une meilleure protection des biens publics mondiaux pour relever les défis climatiques et environnementaux. Antoine BONDAZ est également enseignant à Sciences Po.

Alors que les conséquences de la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, la montée en puissance des modèles de société éloignés de nos valeurs, ou encore la rivalité grandissante entre les pays du Nord et ceux du Sud, obligent à la repenser, Antoine BONDAZ et Anne GENETET ont débattu de l'influence de la France sur la scène internationale et de ses perspectives en 2023 sur toutes ses coutures : son état et ses objectifs, sa stratégie et son récit, ses moyens et ses outils, ses secteurs d'activité et ses zones géographiques…

Plusieurs analyses, observations et suggestions d'Antoine BONDAZ et d'Anne GENETET, ainsi que de certains participants, ont tout particulièrement retenu l'attention du Club France Initiative :

  1. Toute stratégie d'influence nécessite de définir précisément ses buts, ses cibles, ses acteurs et sa temporalité. Si cela va sans dire, cela va encore mieux en le disant… Toute stratégie induit aussi une priorisation des fins, condition sine qua non du positionnement.

  2. L'influence internationale de la France passe par l'influence de l'Union européenne. L'UE présente un modèle singulier : elle est la seule puissance globale sans volonté hégémonique ; elle promeut une compétition loyale entre concurrents et parfois adversaires, avec le cas échéant des modalités alternatives à la force armée pour le règlement des conflits. Mise en récit, cette différence doit créer la préférence. D'autant que la France présente elle-même au sein de l'UE un modèle républicain original.

  3. Les communautés françaises à l'étranger sont les premiers vecteurs de l'influence internationale de la France. A l'instar - plus largement - des sociétés civiles, ces communautés devraient être davantage valorisées et associées par les opérateurs de l'État à la conception et à la mise en œuvre de la politique d'influence de la France.

  4. La France pourrait redéployer les ressources humaines et matérielles allouées aux différents champs de son influence. Beaucoup sont allouées à la culture, moins à la politique, peu à la recherche, des champs pourtant eux aussi décisifs. Aujourd'hui, les fondations allemandes et les think tanks anglo-saxons sont davantage présents dans les grands événements internationaux et leurs idées ont en conséquence plus d'impact sur la scène internationale.

  5. La diplomatie culturelle française gagnerait à se démocratiser en élargissant ses cibles, pour s'adresser aussi au grand public au-delà des décideurs et des influenceurs de la culture, par exemple en participant aux grandes émissions populaires des principales chaînes de TV à l'étranger.

  6. La France pourrait davantage communiquer sur ce qu'elle fait (ses objectifs, ses actions, les résultats obtenus), en plus de communiquer sur ce qu'elle est (ses ambitions, ses intérêts, etc.). Elle y gagnerait en crédibilité, ce qu'attendent nombre de ses partenaires actuels et potentiels.

  7. Enfin, la stratégie française dans l'Indopacifique est une stratégie ambitieuse qui se donne les moyens de son ambition, avec notamment un ambassadeur dédié. Dans la zone, la France a moins vocation à être une "puissance d'équilibres" qu'une "puissance d'initiatives".

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