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Réforme des retraites : la France inconciliable ?




Vues par les Français de l’étranger, les scènes de violence en France sont choquantes et inquiètent sur l’état du pays. Est-ce l’esprit révolutionnaire gaulois, le sentiment anticapitaliste persistant dans la société française, un déni de réalité ? Les capitales européennes s’alarment elles aussi de l’instabilité française et de la situation des comptes publics.


Le "detto-septicisme"


Avec 3 000 Mds € de dette, la France est championne d’Europe. Spécificité hexagonale, celle-ci est détenue à plus de 50% par des créanciers étrangers. Avec un déficit budgétaire de 165 Mds €, il faudra emprunter un montant record de 270 Mds € cette année, dans le contexte sensible de la remontée des taux. La charge de la dette de 50 Mds € est supérieure au budget dédié à la transition écologique. Sans réforme des retraites, il faudrait trouver 12 Mds € supplémentaires pour combler le déficit des régimes à la fin du quinquennat.

Autrement dit, nous sommes en position de faiblesse face aux marchés financiers et à nos partenaires européens. Pourtant, le Gouvernement n’a pas osé mettre en avant cet état de fait pour motiver sa réforme des retraites. Pourtant, aussi, le vieillissement démographique touche toute l’Europe et pèse sur l’équilibre financier de tous les systèmes de retraite. Les projections d’Eurostat indiquent que près de 30% des Européens auront plus de 65 ans en 2050, soit 130 millions de personnes, une hausse de 40 millions par rapport à 2019. Dans toute l’Europe et au-delà, la France, avec sa réforme à 64 ans, reste la "douce France". Sans oublier que les débats actuels chez plusieurs de nos voisins portent sur un allongement de la durée du travail jusqu’à… 70 ans !


La France se cabre


Une partie des Français préfère balayer ces problèmes d’un revers de la main. Face aux autres difficultés réelles du pouvoir d’achat, de l’emploi, de l’inflation, de la pénibilité du travail, il serait urgent d’attendre. Les syndicats - peu représentatifs avec seulement 9% d’actifs syndiqués en France contre 60% dans les pays scandinaves - s’emparent de l’opportunité pour "bloquer le pays" et "mettre l’économie à genou". Bref, faire preuve de maturité alors que la situation économique reste très fragile, malgré les réformes des dernières années renforçant la compétitivité de l'économie… Sans parler de la situation sociale que l’on sait explosive depuis la crise des Gilets Jaunes et la forte progression du vote pour les populistes et autres démagogues.

Bilan provisoire : une réforme indispensable largement rejetée par la population, des manifestations massives, des violences inacceptables, et des professionnels de la confusion et du chaos qui s’émeuvent cyniquement des "brutalités policières".


Le sursaut ou le déclin


Pendant ce temps, le monde n’attend pas. L’axe des régimes autoritaires, dont l’objectif est le renversement de l’ordre international, s’organise autour de la Chine et de la Russie. La désoccidentalisation du monde s’accélère. La compétition mondiale se durcit. Et la France voit son influence et ses intérêts de plus en plus menacés.

Au pied du mur, le pays devrait se remobiliser. Mais voulons-nous encore faire de grandes choses ensemble aujourd’hui et demain, pour paraphraser la définition d'une Nation par Ernest Renan ? Si la réponse est oui, la maîtrise des dépenses publiques est une véritable mesure de "salubrité nationale". C’est une mesure de souveraineté pour aujourd'hui et de solidarité pour demain vis-à-vis des générations futures. C’est l’une des clefs pour ne pas subir la marche du monde et reconstruire une véritable politique de puissance. La maxime du Général De Gaulle reste d'actualité : "Les grands pays le sont pour l’avoir voulu".


Vincent BERTHIOT

Délégué général du Club France Initiative


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